lundi 15 juin 2009

Pierrette Bloch

Pierrette Bloch, encre sur papier, diverses dimensions et dates.
« L'œuvre de Pierrette Bloch, au premier abord surprend par l'économie des moyens, l'utilisation restreinte des matériaux et par les formes simples, abstraites souvent sans couleur.
Réduire jusqu'à ce que l'on ne puisse plus rien ajouter.
Cette œuvre, au développement lent semble se tenir à l'écart de tout mouvement conceptuel, et s'inscrit avec force dans les catégories artistiques du XXe siècle.
L'œuvre a la cohérence de ce qui ne semble pas bouger et parcourt de grandes distances. Le rythme, imperceptible, force l'œil à se poser et à suivre. C'est un travail sur l'espace, le temps, le mouvement infini, dérive lente mais sûre où rigueur et fantaisie se mêlent.
Création flottante, soutenue sans progression visible ou qualitative, ni argument ni justificatif: c'est un travail au quotidien, de la modulation à la limite, pour appréhender l'espace, se laisser envahir par le manque, jusqu'au vertige. »
Ô quai des arts.

Pierrette Bloch, Sans titre, encre sur papier.
« Née à Paris en 1928, installée en Suisse pendant la guerre, Pierrette Bloch retourne à la capitale après celle-ci et y fréquente successivement les ateliers de Jean Souverbie, d’André Lhote puis d’Henri Goetz.
Parce qu’il est le lieu originel de toute fécondation du plan, parce qu’il détermine un territoire absolu à l’écart de tout système référentiel, parce qu’il est susceptible d’une déclinaison à l’infini sans pour autant jamais se ressembler, le point est à l’évidence le seul être plastique qui peut permettre à l’artiste de réaliser son projet. Exigeant humilité et silence tant de celui qui le met en œuvre que de celui qui en contemple les déclinaisons, le point impose comme un suspens de la parole, du moins de la parole haute. S’il relève en revanche de la voix haute de la pensée, c’est qu’il est fondamentalement de l’ordre du dessin. D’un dessin tendu. […]
Dans cette façon qu’il a de s’informer de l’alignement de signes et de leur arrangement en vue de créer une composition, l’art de Pierrette Bloch s’apparente à une pratique proche de l’écriture. À l’instar du fait de littérature, c’est de l’appréhension de son développement et de son extension dans l’espace et le temps qu’il fait sens, à ceci près qu’il ne relève d’aucune procédure narrative sinon à dire sa propre histoire, à la livrer dans la brutalité physique des signes qui la constituent. »
Philippe Piguet, “Pierrette Bloch, un point c’est tout”, L'Oeil - n° 547 - Mai 2003.

Serge Lemoine, Lucile Encrevé, reConnaître ; Pierrette Bloch, dessins, encres et collages, éd. Musée de Grenoble, RMN, 1999.
« La peinture est à la recherche de son lieu. Naguère encore la toile remplissait parfaitement ce rôle […] Encore fallait-il la neutraliser, ou la mettre à zéro […] En ce sens le fait que, depuis quelques décennies, les peintres aient mis en cause cette stabilité, faisant apparaître la trame […] symbolise, signale ou signifie, la disparition ou la perte du lieu, ou plus justement, cette perte illustre que la toile aussi bien comme signe que comme type de fabrication n'est plus adéquate pour donner figure à nos lieux, n'est plus figure de notre rapport à nos espaces […] La matrice générant le lieu de la peinture occidentale de ces derniers siècles, c'est le métier à tisser. Si le métier disparaît, si disparaît le tissu, ou le tissé, si disparaissent en même temps qu'eux les rapports à l'espace que la toile figurait de façon apparemment si simple et évidente : haut et bas droite et gauche, dans un répartition du monde dont le corps était mesure, et la station debout, l'orthogonalité la référence, auprès de quelles autres matrices aller chercher, ou créer, ce qui peut donner figure à nos espaces ?
L'aventure de Pierrette Bloch me semble de nature à nous faire saisir quelles régions l'artiste, heurté par cette situation, aborde, ou, pour mieux dire, quelles régions inédites, quels paysages inouïs, il s'oblige à créer. Tout se passe dans son œuvre comme si, saisissant de front la nouvelle problématique de l'espace, sa réalité physique et ses figures, elle était amenée à remettre en cause bon nombre des éléments de la pratique de la peinture, voire s'attaquer à d'autres champs sémiotiques que ceux de la plasticité […] La même mise en cause qui affecte la figure plastique de l'espace affecte tous les champs sémiotiques, particulièrement, ou aussi bien celui de l'écriture (du texte) […] L'originalité de Pierrette Bloch c'est que, d'un même mouvement, elle construit un objet qui est en même temps nouvelle figure plastique de notre rapport à l'espace et image d'un rapport nouveau à nos espaces textuels, en quoi on peut prétendre que son œuvre est doublement créatrice. »
Raphaël Monticelli, extraits de Bribes en ligne.
“In Bloch’s ink essays, her touch is paramount. How the brush hits the paper (or any other bearer) is always a story in itself. A simple turn of a gathering of hairs called a brush is enough to initiate a new form, a form like no other in the artist’s vocabulary. Then, a slight prolongation of the gesture may produce an elision between two forms, interrupting a sequence of similar forms, sometimes in a startling way. That is, the artist herself, as she has written, is startled. And so begins another adventure […]. Her aspiration—I mean her breathing—has its own tempo, as any serious spectator soon discovers. Time, as they say, is of the essence.”
Dore Ashton in the catalogue of the exhibition at the Haim Chanin Fine Arts (New York) April 15 - June 13, 2009.
http://www.haimchanin.com/index1.htm

1 commentaire:

  1. bonjour
    merci de mettre en ligne des infos sur cette artiste
    je le mettrai en lien dans une page consacrée à aurélie nemours, très mal diffusée, je trouve.
    km
    http://aurelienemours.blogspot.com/
    ;-)

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