mardi 7 juillet 2009

Fred Sandback


Fred Sandback, Untitled (Fourth of Ten Corner Constructions), 1983, maroon and black acrylic yarn. Kettle's Yard Gallery.

Fred Sandback : Commentaires sur ma Sculpture 1966-86
« En 1966, je me suis retrouvé impliqué dans une sorte d’assemblage de pièces dépareillées de facture industrielle, reliées en série. L’interrelation chantante des pièces n’était ni énergique ni convaincante. En réponse à mes complaintes au sujet de la sculpture en général, et de l’incohérence de la mienne en particulier, George Sugarman a dit quelque chose dans ce sens : « Eh bien, si tu en as marre de toutes ces pièces, pourquoi ne pas faire juste une ligne avec une pelote de ficelle et puis c’est tout ? »
La première sculpture que j’ai faite avec un morceau de ficelle et un bout de câble était le contour d’un solide rectangulaire – un 2" x 4" – posé sur le sol. C’était un acte sans signification particulière mais qui semblait m’ouvrir un grand nombre de possibilités. Je pouvais imposer une certaine place ou un certain volume dans sa totale matérialité sans l’occuper et l’assombrir.
Je pense que ma première attirance vers cette situation était la façon dont cela m’a permis de jouer avec quelque chose qui à la fois existait et n’existait pas en même temps. La chose elle-même, le 2" x 4" – était aussi matérielle que possible – un volume d’air et de lumière au-dessus de la surface du sol. Néanmoins ma manière de la façonner, la forme et la dimension de cette œuvre, avait une qualité ambiguë et éphémère. C’était également comique – elle avait une qualité anecdotique du genre « d’abord il y a une montagne, puis il n’y a pas de montagne, puis il y a ... » mais à l’envers.

Fred Sandback Untitled (Diagonal) 1970/1996, black acrylic yarn (single strand). As installed: 142 x 87 x 238-3/4 inches. Zwirner & Wirth, New York

À ce moment-là, je n’avais pas une série d’objectifs bien définis. En fait, je veux faire de la sculpture – et je suppose que c’est intéressant – je n’ai pas tiré une grande inspiration de la peinture américaine des années 50 ou au moins presque pas autant que des sculptures plus anciennes. J’ai passé un été à tenter tous les jours, sans grand succès, de dessiner les esclaves de Michel Ange.
Quand j’ai fini par rassembler mes premiers morceaux de ficelle, ce n’était pas tellement, rétrospectivement, parce que je voulais faire de la sculpture sans composition de pièces, ou sans espace positif et négatif, mais plutôt parce que je voulais juste faire de la sculpture et ces choses-là semblaient tout simplement m’en empêcher.
Pourtant, dès le début, je sentais dans mes tripes le désir de vouloir être capable de faire de la sculpture qui n’avait pas d’intérieur.
Sinon, si l’on pense à la nature du lieu ou à un lieu – le fait que je sois là avec ou dedans – et à la nature de l’interaction entre les deux était intéressante. Et à ce moment-là, le penser était peut-être plus intéressant que le faire, même si naturellement c’est ce dernier qui a maintenu mon intérêt. […]


Fred Sandback, Blue Day-glo Corner Piece, 1968/2004 1/32" Elastic Cord & Spring Steel, 14 x 12 x 6 inches. Barbara Krakow Gallery.

Les lignes droites ont tendance à être perçues comme puristes et géométriques, et l’on m’a constamment conseillé de me « détendre » comme lorsque Spoerri me prescrivait de grands bols de soupe aux lentilles pour me guérir de mon puritanisme fanatique. C’est parce que je veux le volume de la sculpture sans la masse opaque que j’ai les lignes. Ce sont plus ou moins de simples faits cependant, et non des exemples d’une géométrie ou de tout autre ordre plus grand. C’est simplement ce que fait la main.
La ligne est un moyen de modifier la qualité ou le timbre d’une situation et elle a une structure qui est rapide et abstraite et plus ou moins concevable, mais c’est la tonalité ou, si vous voulez, l’intégrité d’une situation qui est ce vers quoi je tends. Mes intrusions sont généralement modestes, peut-être parce qu’il semble que c’est ce premier moment où les choses commencent à se fondre ensemble qui est intéressant. […] »
Fred Sandback, 1986. Publié en premier dans Fred Sandback, Sculpture 1966-1986 (Mannheim : Kunsthalle 1986).
Fred Sandback : Being in a Place, Fred Sandback, Friedemann Malsch, Christiane Meyer-Stoll, Yve-Alain Bois, Thierry Davila, Ostfildern, Germany : Hatje Cantz Publishers, 2005 ; exhibition catalogue ; partial cloth over pictorial boards ; offset-printed ; sewn bound ; black-and-white & color ; 26 x 21.5 cm. ; 296 pp.

"To transform space into a sculptural material has been a modernist obsession ever since Picasso created a virtual plane, by sheer structural opposition between void and full, in his 1912 Guitar (MOMA). The concept of "drawing in space" elaborated by Gonzalez and adopted by so many sculptors in the immediate postwar era is the logical extension of this early experiment. But how many artists could carry on the task? The reason it is so difficult – as diagnosed by the brilliant Constructivist sculptor Katarzyna Kobro – is that space is unlimited, and if one wants to shape space as such (and not an ersatz space) one must retain this unlimited quality. Or, to follow Kobro's analysis again, as long as one places a figure within space, space is absorbed by the centripetal force of the figure, which acts like a black hole. Sandback intuitively understood this dilemma, which is why he conceived of his rectangles, trapezes, squares, etc., as evanescent, intangible slices of space whose limits are only to be mentally completed: As soon as these geometrical figures coalesce in front of our eyes, they disappear again at our slightest motion. We dare to pass through the thresholds, but this leaves us panting, and we immediately busy ourselves reconstructing the dissolved rectangles or trapezes. For a generation of sculptors so concerned with the intensity and forming power of one's perception, none exacerbated that intensity with such economy, efficaciousness, or elegance."
World and a string: Yve-Alain Bois on Fred Sandback. ArtForum, Oct, 2003.

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