dimanche 30 janvier 2011

Un cri d’alarme

Václav Havel, Adam Michnik… lancent un cri d’alarme
Hongrie : Une campagne antisémite relayée par les médias proches du pouvoir attaque cinq intellectuels

http://www.liberation.fr/monde/01012314982-hongrie-orb-n-cible-les-philosophes

« […] Le quotidien Magyar Nemzet, proche du pouvoir, se fait le porte-voix d’une chasse aux sorcières contre la grande philosophe hongroise Agnes Heller, figure de proue de la dissidence, ainsi que contre quatre de ses confrères […] «Pourquoi m’attaquent-ils, moi ? Parce que j’ai parlé du danger de la nouvelle loi sur les médias, des coups de boutoir donnés aux institutions démocratiques et des penchants dictatoriaux de Viktor Orbán», souligne Agnes Heller, professeure émérite de l’université New School de New York et de l’université de Budapest. La majorité de ces intellectuels désignés à la vindicte publique sont d’origine juive, et cette campagne joue sur les vieux poncifs de l’antisémitisme. Le Magyar Nemzet peut ainsi parler de «haine tribale chez ces gens de l’esprit» et de la «bande à Heller», qui a «empoché un demi-milliard pour traduire des livres du hongrois vers le hongrois» (en fait, une nouvelle traduction de Platon). Des références codées à une prétendue avidité juive parfaitement claire pour le lecteur hongrois.
«C’est de l’anti-intellectualisme et de l’antisémitisme latent», s’indigne Gabor Gulyás, philosophe conservateur et directeur du musée d’Art moderne de la ville de Debrecen (Est du pays). Pour la première fois, un homme de droite, réputé proche du Fidesz, réagit. […]
La campagne contre ces philosophes «évoque la période la plus sombre du communisme et rappelle les procès lancés par Staline contre le complot des médecins juifs», souligne l’hebdomadaire Hetek. Pour Agnes Heller, qui porte plainte pour diffamation, ces attaques ont un air de déjà-vu : «En 1973, le pouvoir avait lancé une campagne similaire contre moi : ils ont dit que je n’étais plus digne de faire de la recherche. Mon mari a été arrêté et nous avons été accusés de trafic de devises. Aujourd’hui, on m’accuse aussi de crimes économiques, sans aucun fondement […] en traînant notre nom dans la boue», explique celle qui fut la principale disciple de Georg Lukacs.
Dans un appel adressé aux parlementaires européens, aux membres de la Commission et à tous les gouvernements des Vingt-Sept, d’anciens opposants au communisme comme Václav Havel, Petr Uhl, Arpád Göncz, Miklós Haraszti, György Konrád, Adam Michnik, dont plusieurs passèrent des années en prison, lancent un cri d’alarme (à consulter sur le site Iprotest.hu) : «Ce que l’Union européenne voulait empêcher, et ce que beaucoup croyaient impossible, prend chair : une démocratie antilibérale est en train de naître à l’intérieur des frontières de l’Europe. […] Si des droits fondamentaux sont bafoués dans un pays, cela humilie tous les Européens.»
http://www.iprotest.hu/

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