mardi 11 octobre 2011

François Cheng

Colloque franco-chinois en hommage à François Cheng
BnF – François-Mitterrand – Petit auditorium
vendredi 4 novembre 2011 de 9h00 à 18h00
Entrée libre
François Cheng, à la croisée de la Chine et de l’Occident
"Dans l’essai intitulé Le Dialogue, François Cheng écrit : « Le destin a voulu qu’à partir d’un certain moment de ma vie, je sois devenu porteur de deux langues, chinoise et française…. J’ai tenté de relever le défi en assumant, à ma manière, les deux langues, jusqu’à en tirer les extrêmes conséquences ». En effet, s’il a choisi, vers le début des années 1970, le français comme langue de création, il n’a pas abandonné celle qu’il désigne comme sa « vieille nourrice fidèle », puisque son langage poétique, ou plutôt le métalangage tout à fait original qu’il a créé, constitue une mise en symbiose unique des deux langues. Mais le dialogue établi par François Cheng n’est pas seulement d’ordre linguistique : dans son voyage d’un continent à un autre, il n’a rien perdu de son « terreau natif », dont la longue tradition littéraire et artistique n’a cessé de l’inspirer, tandis qu’il découvrait la France et s’enrichissait de sa « meilleure part ». Élu à l’Académie française en 2002 et récompensé par de nombreux prix littéraires nationaux et étrangers, François Cheng incarne la rencontre entre deux langues et deux cultures. Pénétrer dans sa création, en chercher les secrets – sens et beauté réunis – et en même temps rendre hommage, à travers cet écrivain français venu de « l’orient de tout », aux littératures des deux pays, autant de raisons pour organiser un colloque réunissant des spécialistes français et chinois sur le sujet."

9h30 - 12h30
1. Poésie
Pierre Brunel, François Cheng, Vraie lumière née de vraie nuit
Cheng Pei, À l’écoute de l’Orphée sorti d’ailleurs. Une lecture de la poésie de François Cheng
Dominique Millet-Gérard, Poésie et peinture : Cheng et Claudel
Li Yuan, La beauté éthique dans les traductions poétiques de François Cheng
14h - 15h50
2. Roman
Madeleine Bertaud, Le féminin selon François Cheng
Chu Xiaoquan, Le langage romanesque de François Cheng dans Le Dit de Tianyi
Luc Fraisse, L’art du roman dans L’éternité n’est pas de trop
16h - 18h
3. Art
Éric Lefebvre, Voix poétique et vérité artistique : les écrits sur la peinture chinoise de François Cheng
Lise Sabourin, Une quête de la beauté : du pictural au textuel
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_auditoriums/f.colloque_fran%C3%A7ois_cheng.html?seance=1223906459305

lundi 10 octobre 2011

Salon de la Revue 2011

Retrouvez-nous au Salon de la Revue 2011
21ème édition
Espace des Blancs-Manteaux
48, rue Vieille-du-Temple
75004 Paris

Vendredi 14, samedi 15, dimanche 16 octobre 2011.
vendredi 14 de 20h à 22h,
le samedi 15 de 10h à 20h
et le dimanche 16 de 10h à 19h30

Editions La Part de l'Œil
144, rue du Midi
B-1000 Bruxelles

mercredi 5 octobre 2011

L’art et la fonction symbolique



La Part de l'Œil n° 25-26 / 2010-2011,
Dossier : L’art et la fonction symbolique

Ce volume marquant les 25 ans de La Part de l’Œil sera fidèle aux engagements qui ont été les nôtres depuis notre création.
L’ouvrage se présente en trois parties. Le dossier à proprement parler, comprenant un inédit de Marcel Mauss, se divise en deux parties consacrées à la problématique centrale de ce volume “L’art et la fonction symbolique”. Il se place dans la perspective de la pensée de Mauss et plus précisément de sa théorie du don. « Loin de se limiter à la forme archaïque des échanges, le don a une structure identique à celle de la parole » écrit Luc Richir dans son Liminaire. Les objets d’art sont alors abordés, poursuit Luc Richir, comme symboles, comme signes et non comme objets mercantiles, comme valeurs “d’usage ou d’échange” ; symboles, signes « qui passent de l’un à l’autre “individus, clans, communautés” et reviennent marqués de leur altération, chargés du sens de leur circulation, valorisés par l’ampleur du circuit parcouru […] il s’agit de symboles destinés à créer des liens, à former des réseaux d’alliances. Que s’est-il passé en Occident pour que le nœud contracté par l’aller-retour des symboles, ce nœud constitutif du Sujet, soit réduit à la platitude de l’échange binaire ? » Quel regard serons-nous amenés à poser sur l’art actuel après avoir analysé ici le statut des paléomonnaies, les tracés des Kolams en Inde, les figures de mains des grottes préhistoriques ou encore le culte des têtes dans les cryptes à Naples ?
La seconde partie, selon un autre axe, rassemble quatre textes qui abordent le symbolique d’une autre manière et pointent « l’erreur, écrit Luc Richir, de situer l’art du côté de l’imaginaire sous prétexte qu’en Occident, les artistes se sont mis à produire de plus en plus d’images, quitte à remettre en cause, superficiellement, c’est-à-dire formellement, la notion de représentation ». Les auteurs de cette seconde partie, Jean Petitot, René Lew… tentent d’interroger le statut du registre symbolique dans les arts plastiques.
Au croisement de ces deux axes ou de ces deux parties, le lien est établi par Claude Imbert avec sa “monnaie du regard” consacrée au Peintre de la vie moderne de Baudelaire et par Elisabeth Rigal dans une approche vigilante de l’œuvre de Kandinsky.
On trouvera en fin de volume un important hors dossier consacré au cinéma de Benjamin Fondane (plus connu comme poète, critique, philosophe, décédé à Auschwitz en 1944) par Olivier Salazar-Ferrer, spécialiste de l’auteur, lui ayant consacré de nombreuses études et deux ouvrages (chez Oxus, 2004 et aux éditions de Corlevour, 2008) ; hors dossier comprenant un inédit en français de Fondane intitulé “Le poème cinématographique” de 1929.

Sommaire

Luc Richir : Liminaire
Jean-François Bert : Marcel Mauss, un observateur de la vie économique réelle
Marcel Mauss : La hausse des prix est un bien
Patrizia Ciambelli & Claudine Vassas : “La Boîte en os” ou de l’art d’adopter des têtes
Eliane Escoubas : Le schématique et le symbolique à l’horizon de l’esthétique. Kant et Schelling
Marc Groenen : Images de mains de la préhistoire
Claude Imbert : La monnaie du regard
Chakè Matossian : Sauver la face du Peuple : le don de Michelet
Marie Preston : Le geste du kolam
Luc Richir : La lettre du don
Jean-Michel Servet : Monnaie et esprit du don
Ets. Decoux : Pour Madame Colon
_____________________
René Lew : Les Ménines : peindre le "pur" symbolique ?
Lucien Massaert : L’ombilic Rubens
Jean Petitot : Morphologie et Esthétique structurale : de Goethe à Lévi-Strauss
Elisabeth Rigal : De la peinture comme “contre-perception”. Sur le “tournant théologique” de l’esthétique phénoménologique
_____________________
Dossier Benjamin Fondane
Olivier Salazar-Ferrer, Ramona Fotiade, Nadja Cohen : Benjamin Fondane. Esthétique et cinéma
Benjamin Fondane : Le poème cinématographique (1929)

Editions La Part de l'Œil, Bruxelles, 2011
312 pages,
format 21 x 29,7 cm,
113 ill. en n./b. et 16 ill. en couleur,
ISBN : 978-2-930174-42-6,
Paru en septembre 2011.

René Lew, 5 conférences

René Lew
Psychanalyste, Paris

5 conférences
2011 - 2012

L’échappement en peinture

les lundis de 18 h 30 à 20 h 30
17 octobre 2011
14 novembre 2011
12 décembre 2011
16 janvier 2012
13 février 2012

Voici ce qu’on peut avancer au départ.
On ne peut tout peindre. Cela ne signifie pas qu’on peigne le pas-tout, même si on cherche à le faire en lui superposant une femme (nue en général). Plutôt est-ce dans la façon de peindre que pas-tout s’appréhende. Et c’est ce qui nous occupera.
D’autre part, c’est l’ab-sens qu’on peint dans cette « façon », au travers du lien du sens à la signification, lien qu’on traverse selon une version vers le Père pour y trouver la raison de l’incorporation du dire, un dire qui fait pulsion et qui pousse à la représentation en s’y incluant. Échappement encore, le hors point de vue qui est une vision (d’ensemble) scopique de l’œuvre et la supposition de tout ce que le tableau mobilise dans et au travers de sa représentation.
Ensuite on ira plus avant à considérer l’évolution de la manière de Titien, et la robustesse du Tintoret, comme une disjonction entre la fonction et l’objet qui la représente parce qu’elle vise à le prendre en charge. Tout cela se lit aussi dans Maldiney, et dans Lawrence Gowing à propos de Turner. La question est donc celle du voile, celle de l’écran, celle de l’effacement, de la griffure... Hartung peut-être. Giorgione sûrement.
L’échappement, c’est l’art, et l’art, du coup, c’est l’échappement. Mais, comme je l’ai déjà avancé dans mes articles de La Part de L’Œil, c’est la structure qui échappe.

Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles
Rue du Midi, 144, 1000 Bruxelles
Auditoire Geerinck
Entrée libre

dimanche 25 septembre 2011

Maïakovski




Bengt Jangfeldt, La Vie en jeu. Une biographie de Vladimir Maïakovski, éd. Albin Michel, 2010.
« […] Mi-février, Jakobson retourne à Petrograd. C'est maslenitsa, le jour des crêpes, l'équivalent orthodoxe de Mardi gras. Lili sert des blinis et du beurre. Parmi les invités, les théoriciens de la littérature Boris Eichenbaum, Evgeni Polivanov, Lev Iakoubinski et Viktor Chklovski. Entre deux toasts est fondé l'OPOIAZ, Société pour l'étude du langage poétique. Ce jour des crêpes devait avoir des conséquences inattendues pour le développement de la théorie littéraire en Russie.
L'élément moteur du groupe était Viktor Chklovski, qui rendait souvent visite aux Brik. Il avait l'âge de Maïakovski. Étudiant à l'université de Saint-Pétersbourg, tout le monde le considérait comme un enfant prodige. Dès 1914, Chklovski s'était rendu célèbre en publiant Résurrection du mot, brochure dans laquelle il attaque les théories littéraires caduques qui prétendent que la littérature reflète la vie (réalisme), ou encore une réalité supérieure (symbolisme). Il affirme quant à lui que l'objet de la théorie littéraire doit être « la littérature en soi », ce qui dans la littérature fait la littérature : les rimes et le jeu des sons en poésie, la composition en prose, etc. Il devait plus tard donner son credo dans une formulation assez radicale : « L'art est toujours libre face à la vie, et sa couleur ne reflète jamais celle du drapeau qui flotte au sommet de la citadelle. »
Dans ses théories, Chklovski était influencé par les concepts futuristes de « mot autosuffisant », de « mot en soi ». Les formes anciennes sont usées, « automatisées », ne fonctionnent plus, ne sont plus perçues. Il faut des formes nouvelles, des mots « arbitraires, dérivés ». Les futuristes créent des mots nouveaux à partir de racines anciennes (comme Khlebnikov), « les portent à incandescence par la rime » (Maïakovski) ou en changent l'accentuation par le jeu de la métrique (Kroutchonych). « De nouveaux mots vivants naissent, écrit Chklovski dans Résurrection du mot, et des mots sans âge, comme des diamants, retrouvent leur lustre passé. Ce nouveau langage est incompréhensible, difficile, on ne peut pas le lire comme les cours de la Bourse. Il ne ressemble même pas à du russe, mais nous sommes bien trop habitués à inconditionnellement exiger du langage poétique qu'il soit compréhensible. » À présent qu'émergent de nouvelles orientations esthétiques, ce n'est pas aux théoriciens mais aux artistes de montrer la voie. (pp. 96-98)
[…] Pendant leur séjour à Berlin, Maïakovski et Ossip participent à plusieurs soirées littéraires avec lectures et discussion, entre autres au café Léon et Ossip prononce deux conférences sur le Bauhaus. Maïakovski est également très pris par ses projets éditoriaux. Il signe avec L'éditeur soviétophile Nakanune un contrat pour la publication d'une anthologie et fait imprimer avec des fonds privés Dlia golosa (Pour la voix), une des tentatives graphiques les plus réussies du constructivisme russe : le livre rassemble un choix de poèmes adaptés à la lecture à haute voix, que l’artiste Lissitzky a phrasés typographiquement, de façon à faire comprendre le rythme et l'intonation au lecteur. (p. 215) »

Dans le livre Pour la voix, El Lissitzky voulait restituer les poèmes de Maïakovski avec des moyens typographiques. Le livre a la forme d'un annuaire téléphonique, mais dans les index, les lettres sont remplacées par des symboles graphiques et les titres des poèmes.

jeudi 22 septembre 2011

Degas and the Ballet: Picturing Movement

Degas and the Ballet: Picturing Movement
Royal Academy of Arts
London
17 September—11 December 2011

Edgar Degas, 'Dancer (Préparation en dedans)', c. 1880-85. Charcoal with stumping on buff paper, 336 x 227 mm. Trinity House. Image Trinity House, London and New York.



Degas and the Ballet: Picturing Movement will comprise around 85 paintings, sculptures, pastels, drawings, prints and photographs by Degas, as well as photographs by his contemporaries and examples of early film. It will bring together selected material from public institutions and private collections in Europe and North America including both celebrated and little-known works by Degas.
Highlights of the exhibition will include such masterpieces as the celebrated sculpture Little Dancer Aged Fourteen (1880-81, cast. c.1922, Tate, London), which will be displayed with a group of outstanding preparatory drawings that together show the artist tracking around his subject like a cinematic eye; Dancer Posing for a Photograph (1875, Pushkin State Museum of Art, Moscow); Dancer on Pointe (c. 1877-78, Private collection); The Dance Lesson (c. 1879, The National Gallery of Art, Washington, DC); Dancers in a Rehearsal Room with a Double Bass (c. 1882-85, Metropolitan Museum of Art, New York); and Three Dancers (c. 1903, Beyeler Foundation, Basel).
The exhibition will explore the fascinating links between Degas’s highly original way of viewing and recording the dance and the inventive experiments being made at the same time in photography by Jules-Etienne Marey and Eadweard Muybridge and in film-making by such pioneers as the Lumière brothers. By presenting the artist in this context, the exhibition will demonstrate that Degas was far more than merely the creator of beautiful images of the ballet, but instead a modern, radical artist who thought profoundly about visual problems and was fully attuned to the technological developments of his time.”
http://www.royalacademy.org.uk/exhibitions/degas/

Edweard Muybridge, 'Woman dancing (Fancy)', plate 187 of Animal Locomotion, 1884-86. Collotype on white wove paper, 18.4 x 41.7 cm. Royal Academy of Arts, London. Image © Royal Academy of Arts London / Prudence Cuming.

Edgar Degas, 'Dancer Adjusting her Shoulder Strap', c. 1895-6. Modern print from gelatin dry plate negative. 180 x 130 mm. Bibliothèque nationale de France, Paris. Image © Bibliothèque Nationale de France.

mercredi 21 septembre 2011

Submit a paper for Drawing Out: 2012

DRAWING OUT: 2012 is a transdisciplinary conference and collaboration between RMIT Melbourne & The University of the Arts London.
Working with the assumption that drawing is not simply a way of thinking and communicating but an integral part of our everyday and professional lives DRAWING OUT: 2012 will address, how drawing functions as a part of literacy through three themes; Drawing and Notation - Drawing as Writing – Drawing: recording and discovery.
Submissions are be sought from academics, industry professionals, practitioners and others engaged in the fields of: Aboriginal and Torres Strait Islander Cultural Practices; Art and Design , Digital Schemas; Fashion Templates; Architectural and Engineering Designs; Creative Writing; Mathematical, Musical and Dance notation, Media and Communications Concepts; Cartography and Scientific Schematics; Architectural and Mathematical Modeling; Business and Financial Mapping; Legal, Educational and Political Visualisations.

Proposals for papers, workshops, panels and other innovative modes of presentation will be sought in three broad streams, that address the following themes:
1. Drawing and Notation. Drawing as a sometimes intuitive other times driven by convention means of mapping appearance and movement. With special reference to innovative methods of notation.
2. Drawing as Writing. Drawing after, before and as a part of writing. An exploration of literacy and communication.
3. Drawing: recording and discovery. Drawing as a speculative activity and means of holding and transferring information.
All proposals should be 30 minutes in duration – please refer to your chosen theme in your abstractPlease use the following link to register and submit an abstract for Drawing Out: 2012
http://www.ocpms.com.au/conference-papers/SelfRegistration.php?page=modify&confID=24

Schedule for submissions:
Authors submit their abstracts by 28th October 2011
The abstracts are plain text, and are entered directly into the webpage.
Abstracts are reviewed and accepted/rejected by 18th November 2011
Authors are notified of acceptance/rejection by 30th November 2011
Authors log into the system and upload their papers by January 6th 2012
Feedback on papers recived by 3rd February 2012
Authors log into the system and download/print the reviews, then upload the final/edited version of the papers by 17th February 2012
Power points to
e.webb-ingall (@)chelsea.arts.ac.uk
by 24th Febraury 2012

Proposed schedule for the 3 day conference:
Wednesday 28th March 2012
Daytime
: National Gallery, London – Theme: What makes a good drawing?
Evening: Opening of Exhibtion at Central Saint Martins Gallery, Kings Cross, London

Thursday 29th March 2012
Daytime: Chelsea College of Art and Design, 45 Millbank, London

Friday 30th March 2012
Daytime
: Wimbledon College of Art, Merton Hall Road, London
Evening: Closing conference event at Wimbledon Gallery

Tableau: Painting Photo Object

Tableau: Painting Photo Object
Tate Modern Starr Auditorium

Friday 28 October 2011, 10.30–17.30

Saturday 29 October 2011, 10.30–17.30


Why do so many contemporary artists, working across all media (paintings, photographs, objects, installations, live art), build on pictorial traditions of image construction to set the scene for new narratives? Variously described as tableau, dispositif and apparatus, these related conditions have been analysed by some of the most incisive thinkers on contemporary art and form the subject of this symposium.
The word tableau does not seamlessly translate into painting as witnessed in its central use in Michael Fried’s Why Photography Matters as Art as Never Before 2008. It has come to stand for a series of discourses that address questions of artistic practice, the status of the art object and questions of spectatorship.
The centrality of tableau to recent discussions about photographic artistic practice is preceded by its presence in France in discussion around an expanded field in painting. Jean-François Chevrier has alluded to the return of tableau as a term and its possible implications in The Adventures of the Picture Form in the History of Photography. Here the idea of tableau as ‘image-object’ provides a means to explore a structural relationship between painting and photography as associated pictorial forms. In relation to this, the concepts of apparatus and dispositif (associated with Althusser, Foucault and Agamben) bear many structural similarities to these emerging formulations of the tableau where questions of ideology and signification are at work. The increasing use of all three terms in critical visual art practices is the basis for the papers in this conference.
Keynote presentations by Philip Armstrong, Fulvia Carnevale, Jean-François Chevrier, Michael Fried, Michael Newman and research papers by Moyra Derby, Adi Efal, Françis Gaube, Atsuhide Ito, Cédric Loire and Andrea Medjesi Jones.
In collaboration with Central Saint Martins, University of the Arts LondonWith additional support from the Institut Français, London
£30 (£20 concessions), booking required
For tickets: book online
http://www.tate.org.uk/modern/eventseducation/symposia/24490.htm

mardi 6 septembre 2011

Anschlüssel London/Berlin



Hanns Schimansky

Anschlüssel London/Berlin - A survey selected by Andrew Hewish,

Centre for Recent Drawing C4RD
http://likeyou.com/en/node/27869
http://www.c4rd.org.uk/C4RD/Centre_for_Recent_Drawing.html

Berlin - 9 September 2011 - 29 October 2011
fruehsorge contemporary drawings
Jan-Philipp Frühsorge
Heidestrasse 46-52
10557 Berlin
www.fruehsorge.com
http://www.fruehsorge.com/index.php?erste_ebene=3&zweite_ebene=1
Phone: +49 30 280 95282

From Berlin
EVA & ADELE, Frank Badur, Irina Baschlakow, Helen Cho, Nadine Fecht, Marc Gröszer, Bertram Hasenauer, Björn Hegardt, Olav Christopher Jenssen, Paco Knöller, Ulrich Kochinke, Takehito Koganezawa + Yusuke Oya, Astrid Köppe, Valentin Emil Lubberger, Kazuki Nakahara, Mark Lammert, Corinne Laroche, Fiene Scharp, Hanns Schimansky, Andreas Schmid, Dennis Scholl, Chiyoko Szlavnics, Heidi Sill, Viktor Timofeev, Jorinde Voigt
From London
Maxime Angel, Daphne Warburg Astor, Frank Auerbach, Peter Blake, Scott Blaser, Kirsty Buchanan, George Charman, David Connearn, Maryclare Foá, Nick Fox, Joe Graham, Takayuki Hara, Claude Heath, Andrew Hewish, David Hockney, Károly Keserü, Paul Kindersley, David Murphy, Thomas Qualmann, Frances Richardson, Giulia Ricci, Danny Rolph, Gordon Shrigley, Bob and Roberta Smith, Kate Terry, Annabel Tilley, Virginia Verran


“This survey by C4RD's Andrew Hewish seeks to present the vibrancy and depth of drawing production in London and Berlin. From recent graduates to the well established, these artists operate from within an understanding of the complexities of drawing values, of Anschlüssel: speculative, connective, playful - unlocking links wherever a line might lead. In bridging the space between these two metropolises, we find similar polyglot populations, artists from all over the world working in these cities, and with a similar breadth of expressive possibilities that reflect the exchange of ideas and forms in a globalised field.
Like any art of today, drawing can be considered completed by the viewer; but in completing the circuit of a drawing, a special kind of complexity filter is introduced. In an age of art where much is focused on a final outcome, be it product or conclusive meaning or image for the viewer, drawing offers a refreshing alternative. Drawing drags with it complex and disparate historical meanings particular to itself, all of which can brought to bear in the recognition of a work's status as a drawing. This particular set of meanings and questions are ones that drawing artists engage with in their daily practice.
Drawing has associations with being fragile, or temporary, containing gestures that are as much fleeting ideas as they might be marks on the page. It recalls time. It can rely on networks, of points in space or page, that are necessarily connected in the completion of the work; points that make stories, pathways, or forms […] can be subsumed by systems or processes, or engage a subtle negotiation between consciousness, technic and ground. We can connect, along the lines, the mindfulness, or otherwise, of the artist. It often engages directly the body of the artist, tracing their movement, allowing the viewer direct access to the record of its own making. It can love its own materiality. It can spectacularly stimulate our vision. It can graph data; write language. It can promote stages of development, or lyrical leaps of imagination. It can articulate imaginative space, or record observed space. It can draw on its own visual language, blending different traditions to forge new meanings. It is the exercise of imagination on line.”


lundi 5 septembre 2011

Conférence de Bernard Marcadé

Bernard Marcadé
Conférence inaugurale de l’année académique
YAN PEI-MING, PEINTURE ET EXÉCUTION
le jeudi 15/09/2011 à 18h00
Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles
144, rue du Midi
1000 Bruxelles

Inauguration du fonds Philippe Lacoue-Labarthe

Inauguration du fonds Philippe Lacoue-Labarthe
jeudi 6 octobre 2011,
IMEC, abbaye d’Ardenne
14280 Saint-Germain la Blanche-Herbe
Argumentaire de Philippe Lacoue-Labarthe pour Agonie terminée, agonie interminable
© Fonds Philippe Lacoue-Labarthe / IMEC

Le fonds Philippe Lacoue-Labarthe
Dans une disparité de registres (philosophie, littérature, traduction, théâtre) – reflet d’une œuvre multiple mais toujours rassemblée dans un même effort et une même passion – le fonds Philippe Lacoue-Labarthe présente la particularité d’être extrêmement dense et majoritairement constitué de textes rédigés. Derrière les lignes de force des livres publiés, les archives ouvrent un accès à une œuvre parallèle élaborée pour l’enseignement – de sorte que l’ensemble inédit le plus conséquent qu’elles recèlent est celui des textes ayant servi de support à ses cours et séminaires.
Depuis cette première scansion de la pensée, on suit le mouvement qui faisait se resserrer et se poursuivre certains séminaires en livres, articles ou conférences.
Le travail d’inventaire effectué pour constituer le fonds a d’ores et déjà permis de faire aboutir deux projets de livres restés inachevés à sa mort : La vraie semblance (Galilée, 2008), sur Heidegger et la Madone Sixtine de Raphaël, et les Écrits sur l’art (Les presses du réel, 2009). Dans la continuité, une nouvelle publication posthume sera présentée en avant-première à l’occasion de cette journée : Agonie terminée, agonie interminable – sur Maurice Blanchot (Galilée, octobre 2011).
Programme
Journée (13h-19h)
Ouverture par Olivier CORPET, directeur de l’IMEC
Aristide BIANCHI et Leonid KHARLAMOV : “Le fonds d’archives Philippe Lacoue-Labarthe”
Mireille CALLE-GRUBER et les étudiants de l’Université Paris III - Sorbonne Nouvelle : “Séminaire sur L’“Allégorie” de Philippe Lacoue-Labarthe”
Federico NICOLAO : “L'amitié, une pensée qui s’excède (Ph. Lacoue-Labarthe – Roger Laporte)”
Aristide BIANCHI et Leonid KHARLAMOV : “Présentation en avant-première du livre posthume Agonie terminée, agonie interminable – sur Maurice Blanchot (Galilée)”
Jean-Christophe BAILLY : “Présentation en avant-première de La véridiction – sur Philippe Lacoue-Labarthe (Bourgois)”
Rencontre (20h-22h)
Philippe Lacoue-Labarthe : musiques et lectures par Jean-Christophe Bailly et Rodolphe Burger

IMEC - Abbaye d'Ardenne
14280 Saint-Germain la Blanche-Herbe
tél. : 02 31 29 37 37
email : reservations@imec-archives.com
Pour le public souhaitant assister à la journée, possibilité de déjeuner et dîner sur place dans la limite des places disponibles, sur réservation obligatoire auprès d'Estelle Kersalé au 02 31 29 52 37 ou Estelle.kersale@imec-archives.com avant le
jeudi 29 septembre.



vendredi 2 septembre 2011

Amélie de Beauffort expose

Amélie de Beauffort expose
avec Frédéric Khodja et Antoine Tarot
(commissariat Sylvie Pic)
du 10 septembre au 7 octobre 2011
“Les perles”
19 rue Pierre Curie (route de Brignoles, au tunnel)
83670 Barjols

http://www.artmandat.com/
http://www.debeauffort.net/

samedi 6 août 2011

Léonard de Vinci, Le Codex Atlantique




54.
foglio 696, già 259 r.a-b; 422 x 295 mm
La feuille a été d’abord pliée en deux et puis en quatre. L’écriture respecte ces divisions au verso et à moitié au recto, tandis que l'autre moitié est traversée de dessins de compas et d'autres instruments de dessin. Notes sur la science des poids ; opérations arithmétique imprécises. Etudes de géométrie : décomposition du cercle en parties proportionnelles, quadrature de figures curvilignes. Architecture : bâtiments courbes. Echafaudages.
Extraits de Augusto Marinoni, Leonardo all’Ambrosiana, Milano, Electa, 1982.

« Pompeo Leoni (Milan 1533, Madrid 1608) réussi à obtenir auprès de divers propriétaires des dizaines de livres et de cahiers de Leonard qu’il marque dans un premier temps avec un numéro, puis avec une ou plusieurs lettres de l'alphabet généralement suivi par un chiffre indiquant le nombre de feuillets que comporte le manuscrit. De ces chiffres, et ces spécifications, il s'ensuit qu'il possédait au moins quarante-six volumes. Il avait réuni plusieurs milliers de feuilles, y compris peut-être également certains livrets décousus, sur lesquels pesait un risque élevé de perte ou de destruction. Pour prévenir ce danger, Leoni décide de les rassembler en deux grands albums, l'un de 234, l’autre de 401 feuilles. Dans le premier, il colle les dessins présentant à ses yeux la plus grande qualité artistique, y compris ceux qui concernent l’anatomie, dans l’autre les dessins de machines, les études de géométrie et une masse de notes, de calculs et notes personnelles de toutes sortes. Le premier album a été emporté avec lui en Espagne d'où il a pris la route de l’Angleterre où, au château de Windsor, il a été défait rendant à nouveau aux feuilles individuelles leur liberté. L'autre est celui que l'on a appelé Codex Atlantique du fait du format “atlantique” de ses pages. »

« Dans le champ mathématique les insuffisances de la préparation de jeunesse de Léonard de Vinci étaient importantes, mais la rencontre avec un homme de science a suffit à décider du développement de ses intérêts et de ses résultats. Il s’agit de son ami et mentor Luca Pacioli qui, pour amener Léonard à exécuter les dessins pour De Divina Proporzione, est contraint de lui traduire et expliquer les premiers livres des Eléments d'Euclide. Nous trouvons dans le Codex Atlantico les résumés de la Summa Aritmetica de Pacioli avec lequel Léonard a appris comment opérer avec les nombres fractionnaires. Sur de petites feuilles apparaissent les esquisses géométriques correspondant à divers propositions euclidienne. Lorsque les vicissitudes de la vie séparent l'enseignant et ami de l'élève, Leonard continue seul la recherche de la quadrature des surfaces courbes, et bientôt il est déjà capable de percevoir et de définir la notion de limite, le principe du calcul infinitésimal, et même lorsqu’il tente de remplacer les définitions euclidiennes de point, ligne et surface par d'autres plus satisfaisantes, il parvient à s’exprimer avec les mêmes mots que ceux utilisés par Newton un siècle et demi plus tard. De nombreuses feuilles du Codex accompagnent le développement des mathématiques vinciennes qui jusqu'à ses dernières années insiste sur la quadrature des lunule, sur la transformation des surfaces courbes en surfaces rectilignes et inversement, sur la conception des traités De equatione, De ludo geometrico, pour un total déclaré de cent treize livres. »

32.
foglio 455, già 167 r.a-b; 289 x 434 mm
La double page présente un titre en haut à droite : « De la transformation de surfaces égales rectilignes en diverses figures curvilignes et inversement ». En neuf "lignes" se rassemblent 167 figures de demi-cercles et neuf figures de cercles, mais les demi-cercles valent autant que les cercles entiers, l'autre moitié étant à chaque fois simplement symétriquement sous-entendue. L’ensemble réunit une série d'exercices où se trouve inscrit un carré dans un cercle. Se décomposant et se transformant, les quatre segments circulaires, débordant le carré, sont distribués dans le cercle, variant à chaque fois leur figure. Les parties hachurées correspondent à la surface des segments circulaires, les parties blanches sont toujours l'équivalent de la surface du carré. Dans la ligne du bas certaines figures rappellent la corolle des fleurs.

27.
foglio 389, già 142 r.a-v; 342 x 492 mm
Les deux faces de la feuille ouverte présentent les figures et légendes pour la quadrature des lunules. En particulier, sont étudiées celles de Alhazen, résultant de trois demi-cercles construits sur trois côtés du triangle rectangle. La somme de leurs deux superficies est égale à celle du triangle. Opérations arithmétiques appliquant la règle de trois.

35.
foglio 506 a-b, già 184 v.b-a; 237 x 266 mm e 83 x 84 mm
Les deux feuillets montrent comment Léonard a étudié le texte des Eléments d'Euclide (que Luca Pacioli lui traduisaient).
Sans transcrire les mots si ce n'est pour quelques minimes indications, il retrace par succession de petites figures géométriques le déroulement de la pensée euclidienne.
Le fragment a synthétise, de droite à gauche, les propositions 47, 48 du livre premier, et les propositions quatrième, sixième et peut-être cinquième du livre second. Le coin inférieur droit contient de brèves notes sur le mouvement de l'eau. Le fragment b se réfère à la cinquième proposition du premier des Eléments.

lundi 1 août 2011

Œil et camera obscura

http://www.lumen.nu/rekveld/wp/?p=352
The first image I’m aware of where the eye is compared to a camera obscura is from Ludovico Cardi detto il Cigoli, “Prospettiva Pratica”, manuscript Ms 2660A of the Uffizi library, 1613:
Sezione di un apparecchio fotografico stenopeico.
Sezione di un occhio umano.
Cardi detto il Cigoli, Prospettiva Pratica (Ms. 2660A), Gabinetto Disegni e Stampe, Uffizi, Firenze

And there’s another image, by Leonardo da Vinci, from his manuscript D (1508) which is sometimes interpreted as something similar, although there is no mention of a kind of screen in the eye:
Leonardo da Vinci, Observer Looking through a Gloss Model of the Human Eye [Observateur regardant à travers un modèle transparent de l’œil humain], 1508-09, détail, Manuscrit D, Institut de France, Paris.
Léonard de Vinci, Traité de la peinture, traduit et présenté par André Chastel, éd. Berger-Levrault, 1987, p. 168 :
« Comment les images des objets, reçues dans l'œil, se croisent dans l'humeur vitrée. Une expérience, montrant que les images ou apparences des objets, envoyées dans l'œil, se croisent dans l'humeur vitrée. On fait la démonstration en laissant les images des objets éclairés pénétrer par un petit trou dans une chambre très obscure. Tu intercepteras alors ces images sur une feuille blanche placée dans cette chambre assez près du trou, et tu verras tous les objets susdits sur cette feuille, avec leurs vraies formes et couleurs; mais ils seront plus petits et renversés à cause dudit croisement. Ces images, si elles viennent d'un endroit ensoleillé, paraîtront proprement peintes sur cette feuille, qui doit être très fine et vue à l'envers ; et que ce trou soit fait dans une très mince plaque de fer... »
R71 [J.-P. Richter, The literary works of Leonardo, 2e éd. 2 vol., Londres, 1939.]
103. L'œil et la chambre obscure, Institut de France, Paris, Ms. D. f° 8r. n° 103.
La manuscrit D, conservé à l’Institut de France à Paris, est décrit par André Chastel comme étant un traité d’optique en 10 folios (reliure cartonnée d’origine) datant de 1508.

Otto Wols, dessins



Otto Wols, Autre nébuleuse, 1946, dessin à la plume sur papier, 20,5 x 13 cm.
Préface au catalogue de la vente Otto Wols à Drouot du 15 juin 2011 (œuvres en possession de l’artiste à sa mort prématurée en 1951 à 38 ans et provenant directement de sa succession et de ses ayants droit).
Otto Wols, Autoportrait, Paris, 1936.
« Après des études artistiques et scientifiques en Allemagne, Otto Wols né en 1913 à Berlin, trouvera en France dès 1933 jusqu'à sa mort en 1951, dans le Sud (Dieulefit, Cassis, Marseille) et à Paris une terre d'inspiration pour toutes ses audaces. De son vivant Wols aura fréquenté un univers de créateurs impressionnant, illustrant les textes d'Artaud, Sartre, Kafka, Bryen, de Solier. Ses œuvres seront présentées aux côtés de grands artistes, comme Fautrier, Michaux, Dubuffet, Ernst, Brauner, Giacometti, Tzara, dans des galeries qui auront un rôle majeur dans son émergence. Les intuitions des galeristes René Drouin, Pierre Loeb, Michel Couturier ou encore Alexandre Iolas, étaient fondées puisque l'artiste est considéré comme l'initiateur du tachisme, le chef de file de l'abstraction lyrique et un acteur du surréalisme, pas moins que cela. On comprend pourquoi ses œuvres sont présentes dans les plus grands musées du monde, mais plus tôt encore dans de grandes collections (dont celles de premiers collectionneurs comme Pierre Lévy et Henri-Pierre Roché) certes en France, mais encore aux Etats Unis, au Royaume Uni, en Allemagne, en Suisse... »

Otto Wols, D'une grande finesse, vers 1943, dessin à la plume sur papier, 11,5 x 8,5 cm.

Otto Wols, L'équilibriste, 1947, dessin à la plume sur papier, 15,8 x 11,5 cm.

http://www.deburaux.com/flash/index.jsp?id=10053&idCp=17&lng=fr

http://catalogue.drouot.com/html/d/fiche.jsp?
id=1875454&np=1&lng=fr&npp=20&ordre=1&aff=1&r=

jeudi 28 juillet 2011

Picasso “installation”



Pablo Picasso, Composition photographique à la “Construction au joueur de guitare”, Paris, atelier du boulevard Raspail, janvier-février 1913, épreuve gélatino-argentique, 11,8 x 8,7 cm.
« Durant les mois suivants, Picasso utilise à nouveau les ressources de la mise en scène photographique avec un autre cliché de son atelier. Il y montre un assemblage composite simulant un projet de sculpture, Construction au joueur de guitare, qui ne sera jamais réalisé mais qui trouve là une existence éphémère et expérimentale. Véritable “installation photographique”, l'assemblage de la Construction au joueur de guitare prend pour fond un grand panneau de toile sur lequel une peinture en cours d'exécution est complétée par des bras de papier journal et une vraie guitare. Les lettres «LAC[ERBA]» font référence au titre de la revue artistique et littéraire créée à ce moment même par le futuriste Ardengo Soffici. De part et d'autre, se côtoient sur le cliché, de gauche à droite : l'affiche – en partie coupée par le cadrage – d'une exposition de Picasso à Munich [Galerie Tannhauser], le collage Nature morte “Au Bon Marché”, un papier collé représentant la caractéristique bouteille treillissée d'Anis del Mono, puis la construction Violon et un guéridon portant la plus générique des natures mortes : un journal, une bouteille, une tasse, une pipe et un paquet de tabac. Cette image “extraordinaire” [Edward Fry, “Picasso, Cubism and Reflexivity”, Art Journal, vol. XLVII, hivers 1988, p. 301] que l'on intitulera Composition photographique à la “Construction au joueur de guitare”, organise une confrontation complexe où se rencontrent le monde réel, l'espace fictif de la toile peinte et dessinée, les objets manufacturés (la guitare, le guéridon, la bouteille), la construction en trois dimensions (le violon), le découpage de papier journal à caractère figuratif (les bras), la représentation stylisée (la bouteille d'anis)... En une telle circonstance, le rôle assigné par Picasso à la prise de vue excède bien la fonction de simple “vérification” et même celle de “manifeste/démonstration” qui lui fut parfois dévolue dans l'invention du cubisme [Fry, 1988, ibid.]. Ici, la photographie a en effet pour propriété de condenser, dans l'aplat continu et homogène de la surface sensible, l'ensemble des éléments réels ou figurés quelles que soient leurs différences de statut, de matérialité, de durabilité […] »
Extrait de Anne Baldassari, Picasso papiers journaux, éd. Tallandier, 2003, pp. 92-95.
Pablo Picasso, Nature morte “Au Bon Marché”, Paris, janvier-février 1913, huile, papier et pièces de papiers journaux collés sur un carton imprimé publicitaire, 23,5 x 31 cm

« Machines
L'image, l'icône et finalement le tableau s'établissent dans l'intégration et le fonctionnement de la contre-projection.
Contre-projection
(Peinture, écran, cinéma, suite à la destruction de l'entité de surface.)
Les marques de l'image (le récit, le contenu littéraire, théorique, social...) tendent à maintenir la perception de celle-ci dans une dimension projective simple, celle du projecteur. En fait, la peinture, la sculpture, le cinéma ou l'architecture ont toujours introduit dans cette "nature projective" une disjonction, une transformation contre-projective, permettant d'introduire dans l'image une ou plusieurs sources projectives différentes. A la projection classique correspondant à la mise en place de l'énoncé imagé, à son installation, s'oppose la contre-projection, projection interne qui tend à transformer, détruire ou brouiller le projet initial.
Cela a donc toujours supposé, depuis les expériences de Brunelleschi, parallèlement à la question du tableau, la construction de machines : des machines optiques de la Renaissance aux machines structurelles, scénographiques et fictionnelles modernes. Pour Cézanne la préparation d'une nature morte est l'arrangement simple de fruits, de pots, etc., sur une table, dans l'espace réel et familier. Pour Picasso, héritant de l'élaboration cézannienne un niveau de vision nouveau, l'objet réel à peindre fait l'enjeu d'une nouvelle mise en situation qui libère son "inquiétante étrangeté": détaché des conditions de support et de repos liées à la pesanteur il ne tombe pas, il est suspendu.
Cette situation non naturelle d'un objet pour la peinture amène au relais de l'assemblage, à l'invention du "collage en relief ".
L'atelier aussi est une machine fictionnelle. »
Christian Bonnefoi, “Sur l'apparition du visible”, entretien, in Macula 5/6, 1979, pp. 194 à 228 repris dans Christian Bonnefoi, Ecrits sur l’art (1974-1981), éd. La Part de l’Œil, 1997 (extraits des pp. 173 et 186).

samedi 23 juillet 2011

Rodin, les dessins

Extraits du catalogue Rodin. L’exposition de l’Alma en 1900, Réunion des Musées Nationaux, 2001.

193. Cavalier au galop de profil à droite
Mine de plomb, plume, encres brune et rouge, lavis brun sur papier crème collé sur un papier de support.
H. 18,7 ; L. 16 cm. Vers 1880

Si Rodin a choisi d'exposer à l'Alma [“Pavillon de l’Alma” que Rodin fit construire expressément pour organiser une exposition de ses œuvres sur « un emplacement stratégique, à proximité immédiate de l’enceinte officielle de l’Exposition universelle »] surtout ses dessins les plus récents et les plus modernes, on peut aussi compter de manière assez inattendue certains dessins de la période “noire” inspirés de L’Enfer de Dante et de Michel-Ange, qui datent des années 1880. Ils étaient exposés groupés par trois, quatre ou six et ont malheureusement été démontés depuis, ce qui rend leur identification extrêmement difficile. Ce cavalier de qualité exceptionnelle n'échappe pas à la règle. […]
Ce cavalier époustouflant au lavis d'encre et à la gouache contraste d'autant plus avec les dessins “modernes” qui vont suivre, à la technique plus simple, qu'il est ici isolé et qu'il rappelle avec force le rattachement de Rodin à la tradition romantique et visionnaire des Goya ou Géricault. En présentant les dessins de cette tradition, Rodin montre lucidement qu'il est aussi issu de ce XIXe siècle finissant.
Christina Buley

194. Femme nue agenouillée contre un corps allongé
Éros. Deux figures
Mine de plomb et aquarelle sur papier crème, piqué, collé en plein sur carton.
H. 32,6 ; L. 38,8 cm.

Rodin comparait le corps d'une femme cambrée en arrière à un bel arc sur lequel Éros ajuste ses flèches invisibles.
Deux dessins aquarellés sont réunis ici. Le titre même [mentionné dans le] cahier gris le laisse entendre : Éros. Deux figures. Plusieurs dessins ont pour sujet le personnage d'Éros au corps d'adolescent allongé et appuyé sur ses avant-bras. On en dénombre une dizaine. À partir d'un découpage, encore existant, qui servait d'étalon et de papiers-calques intermédiaires qui auraient disparu, Rodin a conçu des variantes de ses silhouettes dont il jouait comme de marionnettes et qu'il mettait en couleur ultérieurement. D'une feuille à l'autre, on observe qu'Éros pivote sur son axe et que Rodin l'associe à d'autres nus. Ici, la femme aux bras étendus rappelle fort celle du dessin D. 5060 (cat. 195). Cet aspect du dessinateur qui fabrique son sujet de manière très expérimentale était et est encore à ce jour totalement inconnu et inexploré et il est surprenant de lui donner la date de l'Alma.
La série d'Éros a été remarquée par la critique Clara Quin (1), ce qui prouve que le placement, non permanent, de certains dessins dans des casiers n'empêchait pas le public d'y avoir accès.
Claudie Judrin

1. Clara Quin, critique d'art à l’Art Journal de Londres, qui écrivait sous le pseudonyme masculin de Charles Quentin, rapporte le sentiment de Rodin qui « considère ses dessins comme une synthèse du travail de sa vie. Ils lui plaisent comme des impressions très rapides, très directes qui selon lui sont très complètes, donnant la forme, le modelé, le mouvement, le sentiment [...]. Autrefois, il faisait ses dessins à l'aquarelle très foncée, très ombrée pour donner l'effet de la sculpture. Peu à peu, il a simplifié le procédé jusqu'à ce qu'il soit arrivé à dessiner seulement les contours, remplis de couleur très délicate puis dernièrement de couleur plus forte, ce qui donne l'effet de figures modelées en terre cuite... Pour la plupart ces dessins ressemblent, comme couleur, à la vieille terre cuite et, comme forme, aux antiques. » “Le musée Rodin”, The Art Journal n° 745, juillet 1900, pp. 213-217.

George Morot rapproche ces dessins des tanagras et des affiches “1900”. Rodin lui-même parlait d’« instantanés d’un genre variant entre le grec et le japonais ».

Une photographie ancienne nous révèle le dessin déposé le long du mur de la salle des photographies du pavillon de l'Alma, derrière le torse d’Ugolin, dans un cadre blanc non encore accroché.

195. Femme nue de face, agenouillée et les bras écartés
Sirène sortant de l'eau, la tête en avant

Mine de plomb et aquarelle sur papier beige collé en plein sur carton.
H. 25,1 ; L. 32,6 cm.
Cette sirène sortant de l'eau est en perspective, de face et en vue plongeante. Rodin aimait à évoquer des baigneuses au corps en partie immergé. Cette femme est en quelque sorte la figure féminine et solitaire du couple du dessin D. 4773 (cat. 194).
Claudie Judrin

197. Jeune Corps s'étirant, coudes hauts, contre une femme agenouillée
Éros et une femme

Mine de plomb et aquarelle sur papier crème collé en plein sur carton.
H. 50,5 ; L. 32,7 cm.
Nous sommes bien aise que Rodin ait donné le titre Éros à ce jeune corps allongé, confirmant ainsi son désir d'en faire une série (cf. cat. 194). Il a complété sa qualification par le terme “panneau décoratif” qui ne manque pas de justesse si l'on considère le mouvement de ces deux corps comme une sorte de vase à deux anses. La journaliste Clara Quin disait de Rodin qu'il « cherch[ait] souvent des formes de vases dans le corps humain, parce que, après tout, le corps est un vase puisqu'il contient tout ce que nous sommes ».
Claudie Judrin

[Il n’est pas interdit de penser ici aux assemblages de torses féminins avec des poteries antiques réalisés par Rodin vraisemblablement dans la période 1895-1905. Voir Nicole Barbier, “Vases où poussent les fragments”, Le corps en morceaux, catalogue, Musée d’Orsay, Réunion des Musées nationaux, 1990, pp. 237-239, fig. 497 à 502.]

238. Nu féminin agenouillé portant un deuxième nu sur ses épaules
Femme portant Éros sur son cou


Mine de plomb et aquarelle sur papier collé en plein sur carton.
H. 32,4 ; L. 47 cm.
L'Éros que cette femme porte sur ses épaules fait partie des recherches sur ce personnage pivotant dans diverses postures que Rodin associe à différents modèles (cf. cat. 194). L'exposition de l'Alma regroupait au moins six des Éros dont on évalue le nombre à une dizaine au moins.
Claudie Judrin

mercredi 20 juillet 2011

Rodin, assemblage

« Rilke dans sa lettre à Clara, le 2 septembre 1902, raconte sa première visite à Meudon : « Rien que des fragments, côte à côte, sur des mètres. Des nus de la grandeur de ma main, d'autres plus grands, mais rien que des morceaux... Pourtant, mieux on regarde, plus profondément on ressent que tout cela serait moins entier si chaque figure l'était. Chacun de ces débris possède une cohérence si exceptionnelle et si saisissante, chacun est si indubitable et demande si peu à être complété que l'on oublie que ce ne sont que des parties, et souvent des parties de corps différents, qui se ressemblent si passionnément ici. On devine soudain qu'envisager le corps comme un tout est plutôt l'affaire du savant, et celle de l'artiste, de créer à partir de ces éléments de nouvelles relations, de nouvelles unités, plus grandes, plus légitimes, plus éternelles ; et cette richesse inépuisable, cette invention infinie, perpétuelle, cette présence de l'esprit, cette pureté et cette véhémence de l'expression, cette jeunesse, ce don d'avoir sans cesse autre chose, sans cesse mieux à dire, sont sans équivalent dans l'histoire humaine... » »

Auguste Rodin, Assemblage : torse de la Centauresse et étude pour Iris, 1900-1910.

Nicole Barbier, “Assemblages de Rodin”, Le corps en morceaux, catalogue, Musée d’Orsay, Réunion des Musées nationaux, 1990, pp. 241-251.

« La multiplicité du travail de Rodin est telle que certains aspects en sont encore tout à fait méconnus. Si les œuvres de caractère achevé et classique sont maintenant bien connues, il n'en est pas toujours de même de celles qui présentaient pour lui un caractère expérimental. On a insisté pendant des décennies sur l'exceptionnelle activité de modelage du maître sans toujours se rendre compte d'un autre mode de travail qu'il a tout autant pratiqué, celui de l'assemblage. Les visiteurs de ses ateliers qui ont l'occasion d'observer ces travaux les considèrent, à cette époque, comme des étapes préliminaires à des compositions plus abouties, ou des essais non utilisés pour la Porte de l'Enfer. On n'en parle guère dans les comptes-rendus, tout juste se moque-ton des œuvres fragmentaires exposées en 1900 au Pavillon de l'Alma.

Auguste Rodin, Assemblage : torse de la Centauresse et torse féminin, 1900-1910.

Lors de sa première visite à Meudon, le 2 septembre 1902, Rilke remarque surtout ces morceaux, sans voir qu'ils proviennent souvent du même moule […] ce travail d'assemblage, il va jusqu'à l'expliciter dans son texte de 1903 : «... des parties de corps différents qui, par une nécessité intérieure, adhèrent les unes aux autres, se rangent pour lui d'elles-mêmes en un organisme... Cette découverte est à l'origine de la manière de grouper les formes, chez Rodin ; ainsi s'explique que les figures soient liées les unes aux autres d'une façon aussi inouïe, que les formes tiennent ensemble, ne se lâchent à aucun prix. Il ne prend pas pour point de départ les figures qui s'étreignent, il n'a pas de modèles qu'il dispose et groupe. » […]

Auguste Rodin, Assemblage : torse de la Centauresse et Adolescent désespéré, 1900-1910.

L'intérêt réel porté à ces assemblages existe depuis moins de trente ans. C'est tout d'abord l'exposition “Rodin inconnu”, présentée au Louvre en 1962-1963, qui attire l'attention sur ces travaux, mais seuls y sont présentés quelques figures dans des vases antiques ou des petits groupes assez peu fragmentaires. Il faut attendre l'exposition de Washington de 1981-1982, “Rodin rediscovered”, pour voir Albert Elsen s'intéresser au sujet de façon plus scientifique, mais avec un nombre d'exemples restreint. A cette époque, les réserves de Meudon n'étaient pas classées et il était encore difficile de se rendre compte de la proportion exacte de cette production. Aujourd'hui, on peut réellement faire le point, et constater qu'elle est fort importante. Le recul du temps permet de saisir la modernité de ce travail qui va pouvoir, petit à petit, être montré au public, après nettoyage et restauration. Il n'a en effet pas bénéficié des mêmes soins de conservation que les pièces plus achevées. Néanmoins, il nous éclaire sur la façon de procéder de Rodin, parfois très artisanale et en tout cas très inventive.
Il ne fait en effet aucun doute que ce procédé de l'assemblage a été l'une des sources les plus vivifiantes de la sculpture de Rodin. Quelques exemples en sont fort bien connus, ayant donné lieu à des transpositions en d'autres matériaux. […] Outre les plâtres de Meudon, nous en conservons le témoignage par des photographies annotées ou retouchées, fixant un état avant sa transformation. Une série de dix tirages est particulièrement instructive en ce qu'elle montre plusieurs variantes de l'assemblage d'un Adolescent désespéré avec l'Aube. Il s'agit de quatre prises de vues différentes, certaines ayant donné lieu à des montages. L'une d'elles, tirée à quatre exemplaires, nous montre la figure de l’Aube tournée vers la table, reposant sur ses coudes et ses genoux, le torse de l’Adolescent désespéré plongeant sur elle. […]

L’aurore, vers 1900.

Sur le montage, la mention “l'aurore contrepartie du crépuscule’ indique une idée de sujet qui pourrait correspondre à celui exposé en 1900 sous le titre “Le Crépuscule et la Nuit”. […] Sur [un autre] cliché la position de l'homme a changé, devenue verticale. […] ajouté ultérieurement la mention “Dans (?) la mer”.

Dans la mer”, vers 1900

Les deux tirages suivants montrent une disposition différente : l’Adolescent est maintenant à plat ventre, retenant par les jambes la femme en position verticale. Là encore les deux clichés ont été retouchés, principalement au niveau des jambes et du dos de l'homme.

L’aurore, vers 1900.

Il existe à Meudon une autre variante de cet assemblage : l'Adolescent est dressé, portant au-dessus de lui la figure de l'Aube à laquelle la tête a été enlevée. Il est fort probable que plâtre et photographies sont tout à fait contemporains, datant peut-être de l'année 1900. […]

Assemblage : Adolescent désespéré portant l’Aube, vers 1900.

En l'état actuel de nos recherches, il nous semble pouvoir affirmer que les assemblages datent essentiellement de la période 1900-1910. A cette époque, ce n'est plus le modelage qui intéresse Rodin, mais l'agencement de formes dans l'espace, d'une façon un peu abstraite puisque le corps humain utilisé n'a pas besoin d'être complet. Lorsque l'on sait le nombre d'artistes qu'il reçoit, en visiteurs ou en praticiens, on ne peut s'empêcher de penser que cet aspect de son œuvre n'a pas pu ne pas influencer des formes de sculptures plus contemporaines. »

dimanche 17 juillet 2011

Ingres collages





Adrien Goetz, Ingres collages. Dessins d’Ingres du Musée de Montauban, Musée Ingres, Le Passage Editions, 2005.


« Découpages, montages et collages, matériaux assemblés
Ce n'est pas parce que Le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac a ému Cézanne jusqu'aux larmes et qu'il a été illustré par Picasso qu'il est “moderne”. La nouvelle, qui décrit la première toile abstraite avant l'abstraction, était déjà “moderne” aux yeux de ses premiers lecteurs, quand elle parut, en une première version, dans la revue L'Artiste. Peut-être parce qu'ils y reconnaissaient certains traits du combat des romantiques et des classiques, des phrases inspirées par Delacroix ou par Ingres.
De la même manière, ce n'est pas parce que les artistes du XXème siècle ont inventé le collage bien après Ingres – et en ignorant à quel point le peintre de Montauban avait été précurseur – que les collages d'Ingres sont “modernes”. Le propos n'est pas ici de faire entrer de force ces papiers découpés, rapiécés, raboutés, dans le champ de la modernité, de les inscrire, malgré M. Ingres, dans la grande saga épique conduisant “nécessairement” aux collages de Braque, de Picasso, d'Ernst ou de Duchamp.
Les collages d'Ingres sont modernes en leur temps, cela suffit. Parce qu'ils sont singuliers. Parce qu'ils le révèlent. »

« Equations
Avant Rodin, Ingres comprend que l’on peut assembler des éléments isolés d'œuvres antérieures, pour, en les combinant, créer autre chose. Dans l'atelier de Rodin, on parle de “marcottage”, technique de greffe, en botanique, dont le nom ne dérive nullement, malgré les apparences, de celui de la famille Marcotte, les amis d'Ingres.
Le collage – marcottage – prend alors la forme d'une équation : le bras de Démosthène croqué pour L'Apothéose d'Homère “plus” le visage de Virgile mis au carreau pour Virgile lisant l'Énéide “donnent” une étude pour Homère déifié. Ailleurs, le collage sert pour la “mise en place”. Un calque de Platon collé à un calque de Socrate “donne” le dessin qu'il suffira de mettre au carreau pour le reporter sur la toile de L'Apothéose d'Homère. »

Démosthène, bras (réalisé pour L'Apothéose d'Homère, Louvre, 1825); collé : Virgile, tète (destine au tableau de Bruxelles Virgile lisant “L'Énéide”, 1812, également adapté dans Homère déifié, Louvre, 1864-1865). Mine de plomb sur papier végétal, collé sur calque, 14,1 x 11,7 cm.

« Des mots collés aux images
Les morceaux de textes collés envahissent tout dans une feuille pour L'Age d'or – peut-être faite pour préparer le grand dessin du musée de Lyon. Les croquis passent en marge, et pour certains, au verso. Les paperolles proustiennes ne sont pas loin. Ingres colle des papiers sur d'autres papiers, parfois en travers. Il mélange tout : « La nuit, l'Érèbe, le chaos, la naissance des monstres, [...] pêches, poires, pomi d'oro, figues, œillets, camomille, printemps, les fleurs tombent de toute part. » Le lecteur peut lire cette page comme il regarderait un dessin fait avec des lettres, promener ses yeux sur cette profusion, piquer un mot, cueillir une bribe de phrase. Ingres gribouille, il faudrait inventer “cacogramme” pour qualifier ces indéchiffrables calligrammes. Le sens est clair : la richesse du monde fait éclater le papier, qui ploie sous la pluie des mots. Un chaos dont la composition peinte, sur les murs, à Dampierre, aura bien du mal à sortir.
Sur trois autres feuilles assemblées, toujours en vue du dessin de Lyon, Momméja, le premier qui ait étudié les dessins de Montauban, a écrit “premières pensées de la composition”. Le dessin s'y mêle franchement au texte. Ingres commence à assembler ses idées – à moins que ce ne soient ses groupes de personnages. Tantôt il dessine, tantôt il écrit, et la phrase devient ainsi l'équivalent mental d'un dessin à faire : “un arbre s'élève au milieu du repas”, aucun besoin de le montrer. Ce sont des notes prises par l'artiste pour lui-même; cet arbre, il le voit. »
Notes manuscrites et quelques croquis pour L'Âge d'or. Plume sur quatre papiers, mine de plomb sur calque pour quelques collés, 40,5 x 49,3 cm.

mardi 12 juillet 2011

Pierre Tal-Coat




Pierre Tal-Coat, crayons sur papier, 1977, 12 x 34 cm.
« L'espace de Tal-Coat c'est l'espace du paysage, non d'un paysage-spectacle mais d'un paysage-milieu. Le paysage n'est pas en face de nous comme un ensemble d'objets à moins que nous ne l'ayons converti en site, c'est-à-dire en géographie pittoresque. Il nous enveloppe et nous traverse. Nous sommes immergés en lui : notre Ici ne se réfère qu'à lui-même. Où que nous portions nos pas, notre horizon se déplace avec nous. Nous sommes toujours à l'origine. Nous sommes perdus. Et nous serions condamnés à cette perdition et à l'errance si nous ne hantions le monde autour de nous à partir de certains foyers. Un peintre n'est pas un œil – mais un regard. Et regarder c'est pour le peintre se constituer en foyer du monde […]
Le geste de Tal-Coat est des plus aigus parmi tous ceux qui ont transformé la surface d'une toile ou d'une feuille de papier en espace du monde et de l'homme. Cette acuité n'est pas seulement dans le trait de ses dessins mais dans la texture même de sa peinture. Une ligne ou une surface de Tal-Coat n'est jamais un tracé, n'est jamais objet mais trajet. Nous n'y lisons pas la forme calculée d'un geste ; nous y suivons un geste créateur d'espace qui abolit toutes les formes dans un éclatement de pulsions rythmiques où le mouvement, croissant à travers sa propre genèse, n'a pas d'autres coordonnées que son rythme. Mais cette liberté qui n'est pas un signe de l'homme, mais l'acte même de l'homme, est en accord avec le monde qu'elle dévoile et qui s'esquisse en elle au-delà de la rumeur indistincte des ombres éparses et des clartés errantes, avec le monde comme “Voix vive” – comme dit si bien Pierre Schneider. »
Henri Maldiney, Aux déserts que l’histoire accable. L’art de Tal-Coat, Deyrolle Editeur, 1996, pp. 58-59.

Pierre Tal-Coat, lavis sur papier, 1982-83, 50 x 65 cm.

"Pierre Tal Coat – peintures et dessins- 1946-1985". Exposition au Musée des Beaux-Arts à Mons jusqu’au 17 juillet 2011.