mardi 12 juillet 2011

Pierre Tal-Coat




Pierre Tal-Coat, crayons sur papier, 1977, 12 x 34 cm.
« L'espace de Tal-Coat c'est l'espace du paysage, non d'un paysage-spectacle mais d'un paysage-milieu. Le paysage n'est pas en face de nous comme un ensemble d'objets à moins que nous ne l'ayons converti en site, c'est-à-dire en géographie pittoresque. Il nous enveloppe et nous traverse. Nous sommes immergés en lui : notre Ici ne se réfère qu'à lui-même. Où que nous portions nos pas, notre horizon se déplace avec nous. Nous sommes toujours à l'origine. Nous sommes perdus. Et nous serions condamnés à cette perdition et à l'errance si nous ne hantions le monde autour de nous à partir de certains foyers. Un peintre n'est pas un œil – mais un regard. Et regarder c'est pour le peintre se constituer en foyer du monde […]
Le geste de Tal-Coat est des plus aigus parmi tous ceux qui ont transformé la surface d'une toile ou d'une feuille de papier en espace du monde et de l'homme. Cette acuité n'est pas seulement dans le trait de ses dessins mais dans la texture même de sa peinture. Une ligne ou une surface de Tal-Coat n'est jamais un tracé, n'est jamais objet mais trajet. Nous n'y lisons pas la forme calculée d'un geste ; nous y suivons un geste créateur d'espace qui abolit toutes les formes dans un éclatement de pulsions rythmiques où le mouvement, croissant à travers sa propre genèse, n'a pas d'autres coordonnées que son rythme. Mais cette liberté qui n'est pas un signe de l'homme, mais l'acte même de l'homme, est en accord avec le monde qu'elle dévoile et qui s'esquisse en elle au-delà de la rumeur indistincte des ombres éparses et des clartés errantes, avec le monde comme “Voix vive” – comme dit si bien Pierre Schneider. »
Henri Maldiney, Aux déserts que l’histoire accable. L’art de Tal-Coat, Deyrolle Editeur, 1996, pp. 58-59.

Pierre Tal-Coat, lavis sur papier, 1982-83, 50 x 65 cm.

"Pierre Tal Coat – peintures et dessins- 1946-1985". Exposition au Musée des Beaux-Arts à Mons jusqu’au 17 juillet 2011.

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